Soldes et retouches
Population et sociétés publie son numéro annuel consacré à « La population de la France en 2005 ». En page 3, l’habituel tableau récapitulant l’évolution des principaux indicateurs démographiques pour la France métropolitaine, « décennellement » de 1950 à 1990, puis annuellement de 1996 à 2005.
Pour chaque année sont indiqués le nombre de naissances, de décès et le solde migratoire, dont la somme (algébrique) donne la « variation totale » de la population : pour 2005, (+) 775 000 naissances, (-) 528 000 dècès et un solde migratoire de + 95 000 personnes donnent une variation totale de + 343 000 habitants. Entre fin 2004 et fin 2005, la population de la France métropolitaine est passée de 60 702 000 à 61 045 000 habitants, ce qui représente bien 343 000 habitants en plus.
Mais pour les quatorze années 1991 à 2003 il y a une ligne supplémentaire, intitulé « Ajustement ». Une note précise que cet ajustement est « destiné à rétablir la cohérence comptable entre les recensements de 1990, 1999 et les enquêtes de recensement de 2004 et 2005. »
Je rappelle un article antérieur : <<‘Quand on dispose des résultats de deux recensements, de qualité comparable, on peut calculer un « solde migratoire » par double différence : différence entre les populations de départ et d’arrivée, différence entre la variation totale obtenue et le « solde naturel », naissances moins décès de la période, exactement connus. Le problème actuel, c’est que les deux derniers « recensements » disponibles ne sont pas du tout comparables. >>
A vrai dire ce sont les trois derniers recensements qui ne sont pas comparables : celui de 1999 était franchement mauvais. Les enquêtes de recensements de 2003-2004 sont beaucoup plus complètes que le recensement de 1999. Toujours est-il que cet ajustement est de 53 000 personnes par an en moins sur 9 ans, entre 1990 et 1999, soit 477 000 personnes en moins et de 62 000 personnes par an en plus sur 5 ans, de 1999 à 2004, soit 310 000 personnes en plus. (A noter que l’an dernier, l’ajustement sur 1999 – 2004 était de 33 000 personnes par an, soit 165 000 personnes. Une vague supplémentaire d’enquêtes a fait quasiment doubler l’ajustement. On se demande ce qu’il va devenir quand on aura les cinq vagues).
Oublions maintenant le recensement de 1999, et ajustons les résultats de 2004 sur ceux de 1990. (L’INED, qui n’est pas tenu aux obligations régaliennes de l’INSEE, aurait pu le faire). Les deux ajustements de sens inverse se seraient en partie compensés : – 477 000 + 310 000 , cela fait – 167 000 sur quatorze ans, soit – 12 000 personnes par an, de 1990 à 2004.
Il est donc aujourd’hui raisonnable d’estimer que le solde migratoire publié est surestimé de 12 000 jusqu’en 2003 : il serait passé de + 23 000 en 1996 à + 88 000 en 2003, puis + 105 000 en 2004. L’estimation pour 2005, valable jusqu’à la prochaine vague d’enquêtes, est de + 95 000.
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