Débattre du découpage électoral, combattre la bipolarisation, adapter le vote triangulaire
<< Le ministre de l’intérieur va devoir trancher sur le redécoupage de la carte électorale>> annonce Le Monde du 11 juin, qui précise :
<< L’élaboration d’une éventuelle loi électorale relancerait le débat sur la proposition de loi déposée, notamment, par Christian Estrosi, le 29 avril 2004, suggérant que seuls les deux candidats arrivés en tête au premier tour des législatives puissent se maintenir au second, afin d’éviter les triangulaires. M. Estrosi est à présent ministre délégué auprès du ministre de l’intérieur. >>
Pour revigorer la démocratie en France, il serait essentiel de débattre abondamment de ces sujets, comme on a débattu de la prétendue « Constitution européenne ». De multiples simulations de vote sont aujourd’hui possibles sur Internet.
Sur le nombre de circonscriptions, voir »Population & Sociétés », INED, n° 349.
Sur le vote triangulaire, voir »Pénombre », après l’élimination de Lionel Jospin à l’élection présidentielle de 2002
<< À l’élection présidentielle, si un candidat obtient 50% au premier tour, il est élu. Ce n’est jamais arrivé. Sinon, on procède à un deuxième tour, entre les deux premiers. Il serait logique, si ces deux premiers ne cumulent pas 50% des voix, ce qui devient habituel, de procéder à un deuxième tour avec les trois premiers. Dans le cas présent, cela aurait sauvé Lionel Jospin.
Contrairement à ce qu’on croit, une élection triangulaire peut dégager un élu parfaitement légitime. Il faut pour cela procéder au «scrutin d’assentiment», recommandé par Condorcet, qui consiste à classer les trois candidats. Les électeurs auraient eu à choisir, le 5 mai, entre six bulletins:
1. Chirac, sinon Le Pen. 2. Le Pen, sinon Chirac. 3. Jospin, sinon Chirac. 4. Chirac, sinon Jospin. 5. Jospin, sinon Le Pen 6. Le Pen, sinon Jospin
Si aucun des trois candidats n’obtient la majorité absolue des premières places, est élu celui qui a le plus de citations en premier ou second.
Une bonne façon de populariser ce type de vote avant la présidentielle de 2007 serait de l’appliquer à toutes les «triangulaires » des législatives. Rien n’empêche les maires dans la commune desquelles se dérouleront de telles triangulaires de l’instituer à titre expérimental et de confronter le résultat selon la méthode classique avec celui obtenu par la méthode Condorcet.
Cela contribuerait à sortir enfin la France de la bipolarisation, donc de l’alternative «pouvoir personnel/cohabitation , qui conduit le pays des Lumières à faire des bêtises. >>
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