Pour une lecture laïque de la Bible
La laïcité française, issue du souvenir horrifié des guerres de religion, s’est pétrifiée : face à la Réforme, l’Église avait censuré l’Ancien Testament ; là dessus, Voltaire a ridiculisé le Nouveau Testament et développé un « antibiblisme primaire » qui a confondu l’Écriture sainte avec les productions de la superstition. Abandonnant l’enseignement religieux au quasi-monopole du catholicisme romain, la République de Jules Ferry a renoncé à expliciter la transcendance de l’Être Suprême, comme celles du Temps, de la Parole et de l’Écriture.
C’est la faute à Voltaire, mais ce n’est pas la faute à Rousseau. Celui-ci, plus circonspect, ne fut pas loin de définir le monothéisme, dans le dernier chapitre du « Contrat social « , consacré à la » religion civile » : » Reste donc la religion de l’homme ou le christianisme, non pas celui d’aujourd’hui, mais celui de l’Évangile qui en est tout à fait différent. Par cette religion sainte, sublime, véritable, les hommes, enfants du même Dieu, se reconnaissent tous pour frères, et la société qui les unit ne se dissout pas même à la mort.
Comment en sortir ? Le mot « religion » a autant de contenus différents qu’il y a de religions. Son sens le plus usuel en France renvoie à une conception chrétienne, selon laquelle c’est la foi, la conviction intime, le système de valeurs qui déterminent l’appartenance religieuse de chacun. Mais comment mesurer la sincérité de la réponse à des questions telles que : » Croyez-vous en Dieu ? En la Vie éternelle ? En la Virginité de Marie ? Placez-vous la Charité avant ou après la Justice ? » De fait, les seules questions objectives porteraient sur les rites et pratiques. Mais la France, sous prétexte de liberté religieuse, a décidé de les ignorer.
Or l’ignorance en cette matière conduit à l’obscurantisme : nos média traitent par exemple de la Traversée de la Mer Rouge, de la Passion du Christ ou de la fuite du Prophète à Médine comme autant d’événements historiques, confondant l’Histoire sainte avec l’Histoire tout court. Cela nous vaut un climat détestable, fait d’anticléricalisme, d’antisémitisme et d’islamophobie, qui rejaillit sur la santé mentale du corps social.
La « religion civile » de Rousseau, c’est aujourd’hui la « laïcité positive » de Nicolas Sarkozy, c’est l’ »économie de la connaissance » du rapport Attali. Elle exige de replacer la Bible au cœur de l’éducation civique, morale et religieuse du pays. Une véritable révolution culturelle, une révision déchirante de ce que les Français croient savoir sur la Bible, en particulier sur la Bible hébraïque, est indispensable.
Nous allons y consacrer d’autres billets.
(À suivre)
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