Reprise et adaptation de
« L’antisémitisme est une maladie souvent mortelle »
par Guy Millière
Un vieux proverbe yiddish énonce :
« Un pays qui perd ses Juifs ne peut survivre très longtemps. »
Tous les pays qui, au cours des deux derniers millénaires, ont connu des vagues de persécution de leurs communautés juives, ont subi un net déclin, voire un cataclysme.
L’antisémitisme est non seulement une forme de racisme dirigé contre un groupe ethnique, ou une discrimination abjecte vis-à-vis d’une communauté humaine, mais c’est également une pathologie qui ronge et détruit la société qui en devient la proie.
L’expulsion des Juifs d’Espagne dans les années 1490 et la persécution des Juifs convertis au christianisme par l’Inquisition ont conduit à la destruction des circuits commerciaux et financiers espagnols et contribué, malgré les immenses opportunités offertes a priori par l’implantation espagnole dans le Nouveau Monde, au lent glissement de l’Espagne et de ses dépendances américaines vers le déclin et la banqueroute.
L’un des bénéficiaires essentiels de l’antisémitisme espagnol a été les Pays-Bas, où les Juifs, réfugiés et acceptés, ont profondément contribué à créer les conditions d’un dynamisme et d’une prospérité durables. Un autre bénéficiaire a été l’Angleterre qui a cessé de pratiquer un antisémitisme institutionnel au milieu du XVIIe siècle et où les Juifs, à partir de ce moment, ont pu concourir au dynamisme industriel et financier du pays, puis des colonies anglaises d’Amérique du Nord et des Etats-Unis eux-mêmes.
Après la guerre de 1870, l’occupation de l’Alsace-Lorraine par la Prusse a débouché sur un afflux de Juifs alsaciens vers Paris et sur la montée d’une vague brutale d’antisémitisme dans un pays « où la maladie existait déjà » : la culmination du processus a été l’affaire Dreyfus, une guerre civile froide qui a affaibli et divisé la France de manière durable et « a convaincu les Allemands que le pays serait une proie facile en 1914 ». Les effets latents de ce lamentable cours des choses se sont fait sentir jusqu’en 1940 et dans les pires abjections du régime de Vichy.
Un autre pays qui a payé le prix de son antisémitisme a été la Russie où, à partir de la fin du XVIIIe siècle, des lois anti-juives de plus en plus drastiques ont été promulguées, incitant par la persécution les Juifs à une vaste migration vers l’Angleterre et les Etats-Unis, ainsi renforcés davantage encore. Les lois anti-juives russes ont contribué à la création d’un vaste appareil bureaucratique de contrôle, à une police secrète, à un étouffement du pays, à la quête d’une issue révolutionnaire et à la mise en place enfin d’un système soviétique qui n’a fait qu’«élargir à l’ensemble de la population les systèmes de contrôle dirigés à l’origine contre les seuls Juifs». Si l’Allemagne a, avec la complicité active ou passive d’une bonne part de l’Europe, commis ce crime sans pareil qu’a été la Shoah, elle s’est aussi autodétruite sous l’effet de la morbidité antisémite qui l’a rongée.
C’est son antisémitisme obsessionnel qui a conduit Hitler (que Dieu salit son âme), non seulement à la Shoah, mais à déclarer la guerre à la Pologne, et, par un engrenage diabolique, à la France, la Grande-Bretagne, l’Union soviétique et aux Etats-Unis, se plaçant ainsi dans une position où il ne pouvait qu’être défait et aller au désastre. La chute du nazisme et l’abomination que fut la Shoah n’ont malheureusement pas vacciné le monde contre la maladie antisémite.
Auparavant déjà, dès les années 1920, le monde arabe était contaminé, et l’épidémie n’a cessé depuis de s’y propager. La Déclaration Balfour de 1917 prévoyait, on l’oublie là encore, une coopération et une synergie entre les Juifs venus revivifier ce qui est aujourd’hui l’Etat d’Israël, et les populations arabes de la région. Si le projet originel avait pu suivre son cours, le Proche-Orient, par l’apport des connaissances des scientifiques, des experts agricoles et des financiers juifs et l’utilisation optimale des ressources procurées au monde arabe par le pétrole, aurait rapidement pu devenir l’un des grands pôles de richesse et de développement sur la planète.
Malheureusement, les dirigeants arabes qui ont peu à peu accédé au pouvoir ont décidé autrement ! Israël est aujourd’hui un pays démocratique et développé, entouré de dictatures haineuses, d’hégémonies vaincues, non pas par Israël ou par quiconque de l’extérieur, mais par leurs propres pathologies, au cœur desquelles l’antisémitisme occupe une place centrale.
Pas un seul grand Etat arabe n’est un pays développé, aucun d’eux n’est une démocratie ni un Etat de droit, nul n’a tenté de remédier vraiment à ces pathologies : pour cela, il faudrait non pas des ajustements cosmétiques, mais une véritable opération chirurgicale pour extirper la tumeur antisémite !
De nos jours, l’antisémitisme regagne du terrain même en Europe, qui devrait, en principe, nous donner l’exemple : sa réimportation depuis le monde arabo-musulman va de pair avec le retour des nostalgies nationalistes et avec l’émergence d’un antisémitisme de gauche, drapé dans la pseudo-vertu de l’antisionisme.
En France, tout comme dans le monde arabe, s’accolent un antisionisme et un anti-américanisme qui n’est, que l’une des facettes de l’antisémitisme : les Etats-Unis représentent la seule société authentiquement judéo-chrétienne depuis ses origines, et les motifs de haine vis-à-vis des Etats-Unis se révèlent étrangement proches de ceux utilisés depuis des siècles par les antisémites pour attaquer les Juifs.
L’obsession de Chirac a été de construire un super-Etat européen hostile à l’Amérique. Sarkozy mettra-t-il fin à cette obsession chiraquienne ? Faute de quoi, nous approchons d’une nouvelle crise pathologique des nations créée par la maladie antisémite. L’Amérique est le seul médecin ayant en ce moment le pouvoir et la compétence de proposer un remède, et l’on peut seulement espérer pour l’instant qu’il ne soit pas trop tard pour que les malades puissent encore être sauvés.
Durant des siècles, des juifs ont été persécutés en raison de leur religion, ce qui a entraîné mesures vexatoires et humiliantes, expulsions et pogroms. Au XIXe siècle, la race prit la relève de la religion, suscitant la Shoah et la disparition des deux tiers des juifs d’Europe. Aujourd’hui, l’antisémitisme trouve ses racines dans l’existence de l’Etat d’Israël et de l’attachement des juifs de la diaspora à cet Etat. Si la maladie antisémite devait poursuivre son cours au cœur de l’Europe, il est très vraisemblable qu’elle conduirait de nouveau vers la perte des valeurs essentielles des sociétés qu’elle touche.
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