par Cyrano pour Guysen Israël News
Ivan Levaï dont nous attendions chaque matin la revue de presse sur France Musiques vient de publier un livre où il exprime son attachement à la France et à Israël (1). Ce texte est à l’image de ses émissions radiophoniques : on le lit d’un bout à l’autre sans un instant d’inattention, tout comme on écoutait le journaliste.
Seul au monde à 4 ans
Ivan Levaï n’a que 4 ans lorsque sa mère, Lili Levaï, «maman Lili », originaire de Hongrie, meurt à l’hôpital Cochin (Paris)… Il se retrouve seul au monde et après avoir connu l’Assistance Publique, il est recueilli par un couple de Protestants. Juif par sa mère, il avait été «heureusement» baptisé à la cathédrale Saint Etienne de Budapest. Il ne portera jamais l’étoile jaune et échappera à la déportation.
La découverte d’Israël en 1958
La partie autobiographique est très succincte : le livre porte essentiellement sur le rapport de l’auteur à la France, le pays d’accueil, et à Israël où il fait un premier séjour en 1958, dix ans après Joseph Kessel. Avec un groupe de jeunes étudiants français, il parcourt le pays et fait connaissance avec des sabras et de nouveaux immigrants. Ce premier voyage a sans doute contribué à le débarrasser d’une opinion alimentée par l’extrême gauche française, faisant des Israéliens des colonisateurs.
Des rencontres privilégiées
Ceux qui sont nés avant la guerre 39-45 et suivent de près l’actualité n’apprendront que peu de choses sur la naissance de l’Etat d’Israël (1948), la guerre de Suez (1956), la guerre des Six Jours (1957), la guerre de Kippour (1973), la guerre du Liban (1982), mais ce livre comporte une foule d’anecdotes sur les rencontres du journaliste avec des personnalités politiques israéliennes – de Golda Meir à Ariel Sharon -, et des dirigeants français, de Michel Debré à Jacques Chirac. Il révèle ainsi les dessous de l’invasion du Sinaï par les Israéliens en 1956, invasion qui a servi de prétexte à l’intervention franco-britannique après la nationalisation du canal de Suez par le président Nasser : un étrange marché aurait été conclu entre les autorités françaises (Guy Mollet) et l’Etat d’Israël : participation d’Israël à la guerre, contre une aide française décisive dans la mise au point de l’arme atomique par l’Etat hébreu.
Dans ce raccourci historique sur les fluctuations des relations franco-israéliennes où «notre amie, notre alliée» fait l’objet d’un embargo et d’un désamour affiché, Ivan Levaï épingle au passage Raymond Barre, Michel Jobert, Georges Pompidou dont nous n’avons pas oublié les propos méprisants, Valéry Giscard d’Estaing dont l’indifférence hautaine nous avait choqués. Il rapporte aussi les moments passés en compagnie d’Yves Montand et Simone Signoret, tous deux comme lui grands amis de l’Etat juif.
Peut-on avoir deux patries ?
Ce livre est une profession de foi dans l’esprit de la collection «Ce que je crois». Il permet de comprendre l’auteur, son amour de la France, de la langue française et son attachement inconditionnel à l’Etat d’Israël ; c’est une approbation sans réserve de la fameuse lettre de Romain Gary (2) aux Juifs de France, dénonçant « le chantage à l’antisémitisme de ceux qui invitent les Juifs à choisir entre la France et les «causes étrangères» et conseillent aux Juifs de France de ne pas taire ce qui leur tient tant à cœur » : ainsi ils resteront fidèles à la vocation universelle de notre pays. Ivan Levaï, journaliste français proclame haut et fort son amour d’Israël.
Ce livre est écrit avec une grande sincérité et la brève relation des origines d’Ivan Levaï, de son enfance, nous permet de découvrir le parcours d’un homme qui s’est fait tout seul, devenu une référence pour nombre de journalistes.
(1) Ivan Levaï, « Israël, mon amour ». Ed. du Seuil, 2006. 158 pages. ISBN : 2020871130
(2) – Romain Gary, « Lettre aux juifs de France », in « Le Figaro Littéraire », 9 mars 1970, reprise dans « L’affaire Homme » de Romain Gary (Gallimard, 2005)
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