L’Œuf de Pâques

Si le grain ne meurt

Chaque année les gazettes et almanachs rivalisent d’ingéniosité pour expliquer l’origine de la coutume des œufs de Pâques. Mais peu nombreuses sont les voix qui rappellent que l’œuf est évidemment un symbole universel et éternel de vie et de renaissance.

Noël symbolise le miracle de la Naissance, Pâques, au printemps, symbolise celui de la Fécondation. « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit« . (Jean, 12, 24). Pour qu’il y ait re-naissance, il faut qu’il y ait mort, amour et fécondation.

Chez les Juifs, le plateau du Seder de Pessah‘ contient un œuf, qui ne joue guère de rôle dans le rite. Celui-ci est entièrement tourné vers le récit de la Sortie d’Egypte des Hébreux, doublement épargnés, d’abord par l’Ange de la Mort supprimant les premiers-nés égyptiens, ensuite par la cavalerie de Pharaon précipitée dans les flots de la Mer.

C’est un peuple qui n’est ici que fécondé. Il lui faudra quarante ans de méditation de la Loi avant de naître, aux rives du Jourdain. Cette méditation contient le deuil des premiers-nés égyptiens, y compris celui de Pharaon, et celui de la cavalerie impériale. Pharaon est coupable d’avoir refusé de reconnaître la Toute-puissance du Dieu de Moïse et Aaron, béni soit Celui Qui féconde la Nature. Rien n’empêchait non plus chaque Egyptien d’accompagner les Hébreux dans leur fuite. Ainsi la Dynastie et l’Armée pharaoniques sont-elles « étouffées dans l’œuf« .

Chacun de nous est né d’un œuf fécondé par un « vainqueur », dont la victoire a fait des milliers de « victimes », tous ceux qui ne sont pas nés. Comme le chante Jean-Jacques Goldman

Un début de janvier, si j’ai bien su compter
Reste de fête ou bien vœux très appuyés
De Ruth ou de Moïshé, lequel a eu l’idée ?
Qu’importe j’ai gagné la course et parmi des milliers….

Ni la Sortie d’Egypte, ni la Sortie du Tombeau ne sont des événements historiques. Ce sont des événements symboliques, infiniment remémorés. Souviens-toi !