L’invention de Joseph et de Moïse
Sept jours après leur précédente séance, le Précepteur et l’Instituteur se retrouvèrent à l’école Tsafnat Panéakh avec la ferme intention d’en finir. Sept cases vides restaient à combler pour compléter l’alphabet de vingt-deux lettres. C’était, sur la première ligne, les cases sept et neuf, et sur la deuxième ligne, les cases onze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit.
A-B-G-(D)-H-W-7-E–9
Y-11-L-M-N-15-16-17-18
Q-R-(S)-T
Mais dans la collection des tablettes mésopotamiennes, il restait plus beaucoup plus que sept lettres. L’Instituteur plaida que vingt-deux lettres, c’était peut-être un peu juste. Le Précepteur réécrivit le carré de Sephora.
A-B-(D)
L-M-N
R-(S)-T
– « Ne discute pas, insista-t-il, c’est un ordre. Le R, le rond avec six rayons, qui occupe la case Sept dans le carré de Sephora, doit être au rang Vingt de l’alphabet, parce que le Y, le point avec trois rayons, est au rang Dix. Et R,(S),T doivent rester les dernières lettres de l’alphabet. Ne compliquons pas la tâche des élèves ! Vingt-deux lettres, c’est déjà beaucoup… Remontre-moi la liste des mots usuels et voyons quelles sont les lettres le plus souvent utilisées.»
C’est ainsi qu’ils choisirent celles qui devaient s’ajouter aux quinze déjà placées. Ils commencèrent par le Z de AZ, Ets, arbre. La tablette du Z représentait un rocher, ZWR, Tsour. Comme le son de la lettre Z, Ts, ressemble à celui du T, qui était à la fin de la troisième ligne et de l’alphabet, dans la case vingt-deux, le Précepteur décida que le Z serait mis à la fin de la deuxième ligne, dans la case dix-huit… C’est l’initiale de Tsadiq, Juste, mot qui a inspiré le nom du Zadig de Voltaire. Et Z est aussi pour nous à la fin des lettres.
Il y avait une autre lettre au son également voisin : elle se prononce de façon proche du th anglais et du thêta grec de theos, dieu en grec. C’est l’initiale du mot usuel (T)WB, tov, bon, bien – qui serait répété chaque jour de la Création du Monde : « et D’ vit que cela était bien ». Chaque jour, sauf le deuxième jour, le lundi… parce que le deux apporte la discorde tout autant que l’amour. Le (T) alla lui aussi à la fin d’une ligne, la première, dans la case neuf. Il n’y avait plus que cinq cases vides, la case sept sur la première ligne, les cases onze, seize, dix-sept, dix-huit sur la deuxième.
A-B-G-(D)-H-W-7-E–(T)
Y-11-L-M-N-15-16-17-Z
Q-R-(S)-T
L’Instituteur apporta ensuite quatre tablettes, deux paires : la première paire représentait le ciel, mais l’une était bleue, avec le soleil brillant, l’autre était noire, avec un croissant de lune et une voûte d’étoiles. Pour le soleil, il s’agissait d’illustrer la lettre (S), venue de la case huit du carré de Séphora et déjà placée en troisième ligne, case vingt-et-un, l’avant-dernière. En Mésopotamie, le dieu Chemech, (S)M(S), Soleil, jouait le rôle de Râ en Égypte. La tablette qui représentait le ciel étoilé illustrait la lettre K : KWKBYM, kokavim, ce sont les étoiles. Le mot kokav, KWKB, étoile, était au pluriel, ce qui confirmait au passage que le pluriel masculin se formait en YM. A quelques pas de là, dans l’entrée de l’école, était la fresque représentant le second rêve de Tsafnat-Pahnéakh, que le Précepteur avait expliqué au Petit Prince une dizaine de jours plus tôt : « le soleil, la lune et onze étoiles se prosternent devant lui ». Comme il y avait onze étoiles, ils placèrent le K dans la case onze, avec la valeur vingt, avant L, M et N des cases douze, treize et quatorze. Cet ordre et ces rangs de K,L,M,N, sont toujours les nôtres, trente-trois siècles plus tard. Il n’y avait plus que quatre cases vides.
A-B-G-(D)-H-W-7-E-(T)
Y-K-L–M-N-15-16-17-Z
Q-R-(S)-T
Les tablettes de la deuxième paire montraient un visage humain, le même que pour le mot RA(S), Roch, tête, mais l’une mettait en évidence l’œil et l’autre la bouche. La tablette qui représentait un œil illustrait la lettre Œ, un œil avec trois cils. Le mot ŒYN, ‘Ayin, qui signifie précisément « œil », a pour initiale une gutturale brève et sourde qui rappela immédiatement au Précepteur la prononciation du mot yada‘ , savoir, connaître, qui se termine par le même son guttural, et qu’il fallait donc écrire Y(D)Œ.
– » Y(D), la main et Œ, l’œil, connais-tu ce glyphe ? » demanda le Précepteur en dessinant le glyphe sacré, une main et un œil, signifiant l’union féconde de l’homme et de la femme et représenté sur le bijou offert à Séphora.
– « Bien sûr « , répondit l’Instituteur avec un sourire entendu.
– » L’année a quatre saisons, une pour les fiançailles, trois pour la grossesse «
– » Sans doute… et alors ? »
– » Une saison, c’est treize semaines de sept jours, douze, plus une pour la circoncision. »
– » Je ne sais pas où tu veux en venir. Continue pour voir… «
– » Douze semaines, c’est huitante-quatre, quatre-vingt-quatre jours, quatorze plus septante.
– » Eh bien ? »
– « Y(D), Yad, la main, vaut dix et quatre, quatorze. Si Œ vaut septante, alors Y(D)Œ, yada’, connaître, vaut quatre-vingt quatre. Il faut mettre Œ, Ayn », au seizième rang, ce qui lui donnera la valeur septante ».
– » Comme tu veux. Après tout, c’est toi dont la femme est enceinte, la connaissance, tu connais » dit-il en araméen, redoublant le verbe Y(D)Œ, yada’ , connaître. « Il ne reste plus que trois cases vides, sept, quinze et dix-sept. ».
A-B-G-(D)-H-W-7-E-(T) Y-K-L–M-N-15-Œ-17-Z Q-R-(S)-T
Le mot ŒYN, ayn, œil, se retrouve dans la « loi du talion », ŒYN TET ŒYN (S)N TET (S)N, ‘Ayin Ta’hat ‘Ayin Chin’ Ta’hat Chin’, énoncé d’Exode 21, 24 qu’on traduit habituellement par « œil pour œil, dent pour dent ».‘Ayin, œil, et Chin’, dent, sont les noms mêmes des lettres Œ ‘Ayin et (S) Chin’. Mais avant de décider si « pour » est une bonne traduction de TET, Ta’hat, il faudrait en rechercher d’autres occurrences.
La tablette qui représentait une bouche illustrait la lettre Péh. Comme « tête » pour le R, « œil » pour le Œ, et « dent » pour le (S), le mot Péh, bouche, est devenu le nom de la lettre Péh de l’alphabet hébreu. La bouche s’ouvre à tort et à travers et, selon les cas, la lettre Péh se prononce P ou F, du fait d’une prononciation initiale «pf» ; elle s’est d’ailleurs dédoublée en grec en une lettre (P), Pi, rapport de la circonférence au diamètre et une lettre (F), Phi, habituellement transcrite en français par ph (philosophe, téléphone). « Périphérie » commence par un « Pi » et contient un « Phi ».
Pour éviter toute confusion avec le R, qui se dessine P dans l’alphabet cyrillique, un rond avec un seul rayon, nous transcrirons F la lettre « Peh ». Ainsi, le mot FRY qui signifie « fruit » et se prononce Peri dans les bénédictions usuelles remerciant le Seigneur, baroukh haChem , « béni le Nom », d’avoir créé le fruit de la vigne, le fruit de l’arbre ou le fruit de la terre. Au Jardin d’ »Eden », ADN, au chapitre 3 de la Genèse, le FRY, Peri offert par Eve à Adam a été traduit « pomme » en français. De même sera transcrit FRT le mot qui, prononcé « Porat », FeRTile, qualifie Joseph, fils de Jacob, en Genèse 49,22, et qui, prononcé « Frat », est le nom du quatrième Fleuve du Paradis en Genèse 2,14 : l’Eu-Phrate, c’est le Bon Fruit.
Il était tentant de mettre la bouche à côté de l’œil. Mais de quel côté ? Les deux cases entourant le seize était libres. Il se trouva que l’avant-dernière lettre à placer était le X, qui se prononce s et dont la tablette représentait une échelle, XLM, soulam, appuyée contre un mur ; XMK, samekh, appui, allait devenir le nom de la lettre X. L’échelle du rêve de Jacob en Genèse 28,12, c’est XLM, soulam, unique apparition de ce mot dans toute la Bible hébraïque, ce qui pose bien des problèmes aux exégètes, comme tout « hapax ». De même que le Précepteur avait trouvé approprié de mettre, en place trois, un chameau, GML, gamal, pour aller de la maison, en place deux, BYT, bayt, à la porte, en place quatre, (D)LT, dalet, il trouva amusant de mettre l’échelle appuyée pour monter du N, « Noun », cellule élémentaire, jusqu’à l’œil, Œ, ‘Ayn, organe particulièrement complexe. Cela mettait le X, « samekh », à la place quinze, entre le N quatorze et le Œ seize, et du coup, plaçait le Peh, F, bouche, à la place dix-sept.
La deuxième ligne était complète des rangs dix à dix-huit, avec les valeurs dix à quatre-vingt-dix :
Y K L M N X Œ F Z
La dernière case vide était celle du sept. L’alphabet se terminait en somme par là où il avait commencé, le jour de la brève dispute avec Séphora, quand le Précepteur avait commencé à s’intéresser sérieusement au septième jour. Il leur restait à placer le C, qui se prononce z, et dont la tablette représentait une branche d’olivier, CYT, zayt, mot qui apparaît à la fin du Déluge, Genèse 8, 11, quand la colombe, YWNH, yonah, revient avec un rameau d’olivier ŒLH CYT, ‘aleh zayt. Dans les pays arabophones, les Zeitoun et Zeitouni portent le nom d’un commerçant d’huile d’olive ; d’ailleurs, Olivier est un prénom et un nom courants dans de nombreuses langues. A noter que nous, nous avons le C au troisième rang et le G au septième, de façon intervertie avec l’alphabet originel. De même pour le E et le H, aux cinquième et huitième rangs.
Ainsi fut enfin terminée la première ligne : A B G (D) H W C E (T), que l’Instituteur notait un peu différemment, remplaçant le H Hé et le W Vav, que nous avons gardés dans nos transcriptions latines, par un ? et un I, proches de leurs formes en « hébreu carré » qui seront adoptées au retour de Babylone. Le Précepteur et l’Instituteur tombèrent dans les bras l’un de l’autre. « Beseder !, c’est dans l’ordre », s’exclamèrent-ils en chœur, utilisant une expression araméenne si couramment utilisée qu’elle était devenue usuelle en égyptien, un peu comme le OK américain est maintenant d’usage universel. Et utilisant une autre expression courante, ils souhaitèrent « Mazel Tov!, MCL (T)WB, Bonne chance ! » (mot à mot : destin bon), à l’ordre dont ils venaient de convenir. Il faut croire qu’ils furent exaucés, puisque cet ordre, le premier Seder, X(D)R, qui a été de tout temps celui de l’alphabet hébreu, s’est à peu près conservé dans les alphabets phénicien, arabe, grec et latin. Les lettres passent, l’ordre reste.
Ils le gravèrent sur plusieurs tablettes d’argile, deux pour chacun, les autres restant à l’école, avec les tablettes mésopotamiennes qui leur avaient servi de modèle. Et ils commencèrent à se servir de leur nouvel instrument flambant neuf, soit pour compléter la liste de mots usuels, soit pour corriger les mots qui s’écrivaient avec des lettres qu’ils n’avaient pas retenues.
Le premier nom qu’ils écrivirent, ce fut celui de Tsafnat Panéakh, ZFNT FŒNE, le révélateur de secrets, l’illustre ministre dont l’école rappelait la mémoire, nom qui a été conservé en Genèse 41, 45. Puis ils écrivirent, pétrifiés de respect, FRŒH, Paré’ho, le titre de Pharaon, qui apparaît des dizaines de fois dans la Genèse et l’Exode, et le mot A(D)NY, Adonaï, MonSeigneur, utilisé une cinquantaine de fois dans la Genèse, et une douzaine dans l’Exode. Pour leur création, ils placèrent ces mots dans un cartouche, comme on le faisait à l’époque pour les noms de dieux, de rois et de reines sur les monuments et obélisques : cette pratique, continuée jusqu’à la pierre de Rosette, joua un rôle important dans le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion. Ils écrivirent aussi les noms de Sephora, Tsippora, ZFRH, et de Gerchom, GR(S)M, qu’on trouve en Exode 2, 21 et 22.
Chaque fois qu’ils écrivaient un nom ou un mot, ils en calculaient deux valeurs guématriques, une en additionnant les rangs des lettres dans l’alphabet, l’autre en additionnant les valeurs données aux lettres. Et ils classaient les mots et les noms de trois façons différentes, par ordre alphabétique, par rangs et valeurs guématriques. Le nom de Gerchom, par exemple, GR(S)M, classé avec les autres mots commençant par G, valait 3 + 20 + 21 + 13 = 57 en «guématrie par rang » et valait 3 + 200 + 300 + 40 = 543 en « guématrie classique ».
Le Précepteur avait pris garde que la valeur et le rang de chaque lettre aient la même somme de chiffres : par exemple, M est la 13ème lettre – 1 et 3 font 4 – et vaut 40. La différence entre les deux guématries est donc un multiple de neuf : pour GR(S)M, la différence entre 543 et 57 égale 486, qui vaut neuf fois 54. Par cette « preuve par neuf » s’explique l’incroyable miracle de la conservation du texte de la Bible hébraïque, de recopie en recopie, depuis Moïse jusqu’à nos jours. C’est que les initiés disposaient d’un moyen puissant de vérification pour ne jamais commettre de faute d’orthographe.
Le Précepteur accumulait les noms qui rempliront son œuvre, sans savoir encore à qui les attribuer. Il écrivit YWL, Y=>L, « Je deviens Lui », plus tard Jules, nom de Romains célèbres, dont celui surnommé César, et prénom de républicains célèbres, Ferry, Grévy, Simon. Il écrivit l’inverse, LWY, L=>Y, « Lui devient Je », qui peut se prononcer Louis ou Lévy et qui sera le nom de Lévi, troisième fils de Jacob, père de Qehath, QHT, grand-père d’Amram, ŒMRM, arrière grand-père de Moïse (Exode 6, 16 à 20). A chaque fois qu’il ajoutait un nom dans la liste, il disait « j’ajoute », ossef. La racine XF s’applique à des décomptes et signifie aussi bien ôter qu’ajouter.
– « YWXF conviendrait bien à un grand homme, un inventeur, un créateur illustre, quelqu’un qui a ajouté au monde », fit observer l’Instituteur.
Ce fut l’illumination : « Tsafnat Panéakh bien sûr ! Voilà le nom donné par ses parents, celui que je cherchais quand j’ai expliqué les fresques de l’école au petit Prince ! L’enfant qui s’ajoute, premier pour sa Mère, mais onzième pour son Père… »
L’Instituteur s’enthousiasma…
– « Et pourquoi n’écririons nous pas l’histoire, avec nos lettres ordonnées ? la légende de la fresque… ; cela serait pratique pour apprendre à lire aux enfants… » – « Tous ces personnages à qui donner des noms … il nous faudra un sacré Sefer …».
Trente-trois siècles plus tard, nous ne pouvons encore mesurer toute la portée de cette suggestion. Le mot Sefer, XFR – qui combine XF, ôter, ajouter, et le R initiale de RA(S), la tête – désigne les textes sur rouleaux de papyrus, aujourd’hui reproduits sous forme de livres. Par l’arabe, ce mot a donné « chiffre » au français et donc «déchiffrer», verbe qui s’applique à des textes et non à des calculs. XFR AERY MT, « Sefer A’haré Mot », le « Livre d’après la mort, ainsi nommé d’après ses premiers mots « Après la mort » (de Moïse), serait à la fois le nom du Livre de Josué, et l’origine étymologique du nom de Joseph d’Arimathie, qui recueille le corps du Christ pour le mettre au tombeau. Le Livre de Josué s’ajoute aux Cinq livres de Moïse et les accomplit, en quelque sorte.
En Genèse 30, 23, Joseph naît, onzième enfant de Jacob, YŒQB. Rachel, Ra’hel, REL, sa mère, justifie son nom : «Elohim a ôté (assaf, AXF) ma honte, que YHWH m’ajoute (yossef, YXF) un autre enfant » (ce sera Benjamin, BNYMYN, à la naissance duquel elle ne survivra pas). Au chapitre 50, le Sefer se clôt par : « Joseph mourut à l’âge de cent dix ans, on l’embauma et on le mit dans un cercueil en Égypte. » Sur cinquante chapitres, la Genèse en consacre vingt à Joseph… Écrire son histoire allait entraîner le Précepteur, il ne le savait pas, à écrire l’histoire de l’Homme, à laquelle nous n’avons pas fini d’ajouter…
Le soir, le Précepteur montra leurs noms, écrits en lettres mésopotamiennes, à Séphora et Gerchom, comme font aujourd’hui les jeunes vendeurs égyptiens qui prétendent traduire en hiéroglyphes sur parchemin les noms des touristes des Pyramides. Ensemble, ils mirent les 22 lettres sur de petits carrés de bois et inventèrent des noms. Celui qui leur plaisait, ils le recopiaient, créant le Scrabble et le dictionnaire. Jouant sur les noms des Pharaons Ra-Msès, « Créé par Râ », et « Thout-Mses », « Créé par Thout », la famille conçut ainsi le simple nom de Mses, « Créé», tout court, qui a donné le Moses allemand. Dans la Bible, Ramsès désigne un nom de lieu, une fois dans la Genèse et deux fois dans l’Exode, et s’écrit RŒMXX, ce qui dénote une transcription de l’égyptien.
Le Précepteur avait placé dans cet ordre les trois lettres H(S)M, haChem, le Nom. Lequel des trois les inversa ? Cela donnait M(S)H.
– « Séh », ou « Chéh », qui connaît ? Seh o Cheh, my yodea’ ? demanda le Précepteur.
Sephora et Gerchom répondirent en choeur « Any yodea‘ », « je connais ! » et entonnèrent la plus célèbre berceuse des nourrices araméennes en Egypte, qui, sur l’air de « Do-Do, l’enfant do », répétait les syllabes « Séh-Cheh » et « Chah-nah« . Seh, (S)H, c’est l’agneau ou le chevreau (ou l’ânon ou le poulain ou l’ourson), dont la tendresse n’est pas rendue dans les traductions de la Bible par l’expression technique « petit bétail ». Et Chah-nah sont les syllabes languissantes du sommeil : Chanat, (S)NT, c’est « sommeil ». En Genèse 28, 16, Jacob s’éveille « de son sommeil », M(S)NTW, michenato.
Alors le Précepteur dit doctement :
– » Heureux l’enfant endormi par sa Maman sur l’air de « Cheh – Cheh« !. Il peut porter le nom de « Mochéh« , M(S)H, il a été aimé et dorloté comme tout petit Cheh. «
Il pensait manifestement à lui-même. Alors Gerchom demanda gentiment :
– « Papa, quand irons-nous rendre visite à ta Maman, son Altesse la Fille de Pharaon ?
– Aux prochaines vacances. Aujourd’hui, va te coucher, il y a école demain. «
Plus tard, le Précepteur remarqua que la somme des rangs de (S)H, Cheh, « petit bétail », 21 et 5, faisait 26, 2 fois 13, et qu’avec le M initial, 13ème lettre, marquant l’origine, M(S)H, Moché, tout comme son inverse, H(S)M, haChem, le Nom, avaient pour somme des rangs 39, trois fois 13. Il se souvint que 39 semaines, trois saisons, neuf mois, c’était le temps d’une grossesse. Pour Joseph, YWXF, la somme des valeurs, 10 + 6 + 60 + 80, 156, c’était 6 fois 26, 4 fois 39.
Le nom de Joseph était appelé à un grand avenir, du mari de Marie au frère aîné de Napoléon et au petit père des peuples. Quant à M(S)H, Moché prononcé Moussa en arabe et Moyché en yiddish, avec un oy mouillé, d’où Moyse et Moïse en français, ce sera pour les siècles des siècles celui de l’auteur de la Bible.
Laisser un commentaire