On parle, avec un sourire entendu, de « connaître, au sens biblique » (יָדַע, YDŒ, Yada’, en hébreu). Mais quid de sa négation « Ne pas connaître » (לֹא יָדַע, LA YDŒ, Lo Yada’) ?
Dans l’Évangile de Luc (1, 34), lors de l’Annonciation faite à Marie :« Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? »
Et dans l’Évangile de Matthieu (1, 24-25) après l’Annonciation faite à Joseph : « Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui. Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus. »
Or le nom de Joseph, « fiancé » de Marie, renvoie à Joseph, fils de Jacob et Rachel, qui a repoussé les avances de la femme de Putiphar, qu’il n’a donc pas “connue” (Genèse 39, 7-15).
« Ne pas connaître » renvoie aussi à un célèbre verset messianique d’Isaïe, qui justifie la présence de l’âne et du bœuf dans la figuration habituelle de la crèche de Bethléem.
« Le bœuf connaît (יָדַע שׁוֹר, YDŒ SWR, Yada’ Chor) son acquéreur, l’âne la crèche de son maître, Israël ne connaît pas (לֹא יָדַע, LA YDŒ, Lo Yada’ » (Isaïe 1,3) .
Mais surtout, en Exode 1, 8, « s’élève sur l’Egypte un nouveau roi qui n’avait pas connu… Joseph » (אֲשֶׁר לֹא־יָדַע אֶת־יוֹסֵף, ASR LA-YDŒ AT-YWXF, Achère Lo Yada’ Ète-Yossef ). Ce verset fait le lien entre l’histoire de Joseph, qui termine la Genèse, et la naissance de Moïse, au début de l’Exode.
Or le récit de l’Évangile de Matthieu fait plus que des allusions à la naissance de Moïse : la fuite en Egypte de la Sainte Famille rappelle que Moïse est recueilli dans son berceau par la fille de Pharaon sous les yeux de sa sœur aînée, Myriam, מרימ, MRYM, (nom souvent traduit par Marie, qui n’apparaît qu’au chapitre 15 de l’Exode), et la noyade des petits garçons hébreux ordonnée par Pharaon devient le massacre des Innocents ordonné par Hérode.
Il manque à la France un enseignement du midrash chrétien.
Voir aussi : Du Midrash au Magnificat
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