Ce peuple de passeurs, par Jacques Chirac

Extrait du tome II des Mémoires de Jacques Chirac, Le temps présidentiel, Nil, 2011

J’ai toujours éprouvé beaucoup de respect et d’admiration envers ce peuple de passeurs qui attache plus d’importance à la transmission du savoir qu’à celle de ses rites et de ses croyances. Quand des juifs s’installent quelque part, ils créent d’abord une école, avant d’implanter une synagogue, là où les catholiques, dans une situation similaire, commencent par bâtir une église. J’aime cette phrase du Talmud qui dit que l’humanité tout entière ne tient que par le souffle des enfants qui étudient. Le Talmud dit aussi :  » Quel est le sage ? Celui qui apprend de tout homme.  » C’est une magnifique leçon de vie. Le judaïsme est inséparable de l’étude, de la conquête de la connaissance (…)

Le 16 juillet 1995, nul ne s’attend, parmi les centaines de personnes rassemblées sur les lieux de l’ancien vélodrome d’Hiver, à entendre le nouveau président de la République affirmer aussi ouvertement que  » la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français  » (…)

Les paroles d’apaisement et de réconciliation que porte en lui ce discours du Vél’ d’Hiv’ sont bien accueillies par l’ensemble des Français et saluées avec une quasi-unanimité par les diverses familles politiques.

Elles ne heurteront en définitive que les gaullistes les plus orthodoxes. Ceux-ci ne manqueront pas de venir à l’Élysée me signifier leur mécontentement, en me reprochant d’avoir commis une sorte de sacrilège vis-à-vis de la mythologie gaullienne. Ce n’est pas la première fois que je bouscule quelque peu les  » barons  » dans leur noble et respectable certitude d’être les détenteurs exclusifs de l’héritage du Général. Mais le gaullisme est-il autre chose, en fait, qu’une exigence de vérité au service de la seule cause qui vaille : celle de la France, de sa grandeur, de son unité et de l’exemple d’humanisme qu’elle se doit de donner au reste du monde? Telle est, en tout cas, l’idée que je m’en fais et m’efforce d’illustrer, dans mes discours comme dans mes actes, à la tête du pays. (…)

Symboliquement, un des derniers discours de ma présidence, en 2007, a consacré la reconnaissance de l’autre vérité de cette période noire de notre histoire, celle de Français de toutes origines, de tous milieux, qui se sont mobilisés au péril de leur vie pour sauver les Juifs de France. Ainsi tout était dit, et le temps de l’apaisement pouvait enfin venir. C’est en cela que le devoir de mémoire est un acte politique au sens le plus noble du terme.

Jacques Chirac

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