Le Coran abolit explicitement la pratique juive de l’intercalation d’une treizième lune, 7 fois en 19 ans.
Les calendriers de la Grèce antique désignaient les lunes successives par des noms variés, souvent liés aux saisons, mais les systèmes d’intercalation d’une treizième lune, pour maintenir les mois dans la saison correspondante variaient d’une cité à l’autre. La domination politique d’Athènes répandit le calendrier attique, puis les conquêtes d’Alexandre le calendrier macédonien.
La découverte du cycle de Méton, sous Périclès, selon lequel 235 lunes correpondent à peu près exactement à 19 années solaires, soit 12 années de 12 lunes (144 lunes) et 7 années de 13 lunes (91 lunes/144 +91 = 235) aurait pu contribuer à l’unification. La légende veut que l’enthousiasme des autorités ait conduit à faire graver le « nombre d’or » sur un temple d’Athènes. Il semble bien que le cycle de Méton, quoique depuis longtemps connu des Babyloniens et des Chinois, n’ait jamais permis l’unification des calendriers grecs. L’adoption en -45 d’un calendrier solaire par Jules César et l’Empire romain résolut administrativement le problème, traité par les savants comme Geminos de Rhodes. Mais divers systèmes luni-solaires continuèrent à être utilisés dans le bassin méditerranéen, l’intercalation étant décidée, au vu de l’avancée de la végétation, par des autorités locales, les plus en vue étant celles du Temple de Jérusalem, fixant pour toutes les communautés de Diaspora les dates des fêtes et pélerinages.
La Bible hébraïque institue la semaine de sept jours, célèbre le début de chaque Nouvelle Lune et consacre de longues pages à la célébration de la fête printanière de Pessa’h, à la Pleine Lune. Exode 12, 2 précise : Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois; il sera pour vous le premier des mois de l’année.
La chute du Temple, en 70, entraîna l’abandon des pélerinages, puis la confusion entre les diverses sectes juives, chacune suivant un calendrier différent. Au quatrième siècle seulement, sous Constantin, le Concile de Nicée (325), d’une part, fixant la date des Pâques chrétiennes, Hillel le Nassi (vers 350) d’autre part, décidant une application automatique du cycle de Méton, réduisirent à deux – un peu différents – le nombre de systèmes d’intercalation en usage en Occident.
L’Islam, détournant l’orientation de la prière de Jérusalem vers La Mecque, réinstituant le pélerinage, également vers La Mecque, retira à Jérusalem son dernier rôle politique : le Coran (sourate 9, versets 36-37) prohibe l’usage du mois intercalaire.
« Le nombre de mois, auprès d’Allah, est de douze mois, dans la prescription d’Allah, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d’entre eux sont sacrés : telle est la religion droite. Durant ces mois, ne faites pas de tort à vous-mêmes. Le report d’un mois sacré à un autre est un surcroît de mécréance. Par là, les mécréants sont égarés : une année, ils le font profane, et une année, ils le font sacré, afin d’ajuster le nombre de mois qu’Allah a fait sacrés. Ainsi rendent-ils profane ce qu’Allah a fait sacré. Leurs méfaits leurs sont enjolivés. Et Allah ne guide pas les gens mécréants. »
Voir aussi :
Pâques ou la treizième Lune, Alliage, 1994
Le méridien de Jérusalem, La Jaune et la Rouge, 2002
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