Pentecôte à la française

Et si la France s’intéressait plutôt à sa propre religion ?

Oui, je viens dans son temple adorer l’Eternel ;
Je viens, selon l’usage antique et solennel,
Célébrer avec vous la fameuse journée
Où sur le mont Sina la loi nous fut donnée.
Que les temps sont changés ! Sitôt que de ce jour
La trompette sacrée annonçait le retour,
Du temple, orné partout de festons magnifiques,
Le peuple saint en foule inondait les portiques ;
Et tous, devant l’autel avec ordre introduits,
De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux fruits,
Au Dieu de l’univers consacraient ces prémices.

Le début d’Athalie de Jean Racine rappelle que la Pentecôte juive célèbre le don de la loi, des Dix Commandements, par Moïse, « descendant » du Mont Sinaï. La Pentecôte chrétienne, elle, célèbre la « descente » du Saint-Esprit sur les Apôtres, décrite par les Actes des Apôtres, ch. 2.

Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. Ils étaient tous dans l’étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres : Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle ?

Dans les deux textes, il y a « descente » de la Parole divine et sa compréhension par l’assemblée : quelle que soit leur langue maternelle, les hommes comprennent la même loi. Ceci évoque un autre épisode biblique, également relatif aux langues, celui de la Tour de Babel (Genèse 11)

Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu ’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel (BBL), car c’est là que l’Éternel confondit (BLL) le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre.

Dans les Actes des Apôtres, les auditeurs sont censés parler « galiléen ». Galilée, Galil en hébreu, signifie « cercle », « circuit », « district territorial ». On trouve la mention «Galil haGoyim » en Isaïe 8, 23, reprise dans l’Évangile de Matthieu, 4. C’est un nom commun, qui en est venu à désigner une région particulière, comme « Province » est devenu « Provence ». Le provençal est la langue de Frédéric Mistral, mais le « provincial » ? Comme dans la chanson de Maxime LeForestier, chacun est « né quelque part« , et parle donc la langue de sa province, de sa Galilée.

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, souvent figurée sur des Tables de la Loi, est placée sous l’invocation de l’Ëtre Suprème. Elle est écrite en français. Mais elle a vocation universelle. Le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin a eu bien tort de profaner (« rendre profane ») le Lundi de Pentecôte. François Mitterrand, Président de la République française, avait plus d’allure : en gravissant la Roche de Solutré le dimanche de Pentecôte, il célébrait à sa façon l’universalité des Droits de l’Homme. En grec, « catholique » signifie « universel ».

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Commentaires

Une réponse à “Pentecôte à la française”

  1. Avatar de R.H.
    R.H.

    Bravo, tout ce que vous dites est très beau!

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