Dans sa conférence aux Bernardins, Benoit XVI l’a rappelé : « Paul, comme rabbi puis comme héraut de l’Evangile aux Gentils, était un fabricant de tentes et il gagnait sa vie par le travail de ses mains. » D’où sort cette tradition ?
Actes des Apôtres, 18, 1-3 : « Après cela, Paul s’éloigna d’Athènes et gagna Corinthe. Il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, qui venait d’arriver d’Italie avec Priscille, sa femme, à la suite d’un édit de Claude qui ordonnait à tous les Juifs de s’éloigner de Rome. Il se lia avec eux, et, comme ils étaient du même métier, il demeura chez eux et y travailla. Ils étaient de leur état fabricants de tentes. »
Dans L’Invention de Jésus, tome 2, p. 162, Bernard Dubourg avance que le premier nom de Paul, Saul, שָׁאוּל, SAWL assonne en hébreu, avec la combinaison du verbe עָשָׂה, ŒSH, « faire » avec le mot אֹהֶל, AHL, ‘Ohèl, « tente ». Ces deux mots sont très fréquents dans la Bible hébraïque.
Une occurrence bien connue de « tentes » est l’oracle de Balaam, souvent gravé à l’entrée des synagogues, Nombres 24,5 :
Que tes tentes sont belles, Jacob ! et tes demeures, Israël ! :
מַה־טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ יַעֲקֹב
MH-tBW AHLYK YŒQB
Mah-Tovou ‘Ohaléykha Yaakov
Le pluriel AHLYM apparaît d’ailleurs dans le verset suivant, mais cette fois avec le sens d’ »aloès » :
« Elles s’étendent comme des vallées, Comme des jardins près d’un fleuve, Comme des aloès (כַּאֲהָלִים, KALHYM, Ka’Ahalim) que l’Eternel a plantés, Comme des cèdres le long des eaux.« .
L’association de Jacob avec des tentes se trouve déjà en Genèse 25, 27 :
Et les enfants grandirent: et Esaü était un homme habile à la chasse, un homme des champs; et Jacob était un homme simple, qui habitait les tentes (יֹשֵׁב אֹהָלִים, YSB AHLYM, Yochèv ‘Ohalim). À noter que Jacob devient « boiteux », après son combat avec l’Ange, d’où la présence de « Claude », qui « claudique », dans le verset des Actes. Et si Claude « chasse les Juifs », c’est que Esaü « chassait » Israël son frère.
Le pluriel AHLYM reproduit le nom d’Elohim, ALHYM, en intervertissant le Hé, H, et le Lamed, L. Or précisément, à la fin de la Création du Monde, Genèse 2, 2, le verset par lequel les Juifs ouvrent chaque semaine le Kiddouch du vendredi soir associe Elohym au verbe ŒSH, « faire » :
Elohym achève, le septième jour, l’œuvre qu’il a faite (אֲשֶׁר עָשָׂה, ASR ŒSH, Achère ‘Assah ) : et il se repose au septième jour de toute son œuvre qu’il a faite (אֲשֶׁר עָשָׂה, ASR ŒSH, Achère ‘Assah ).
Il y a donc de fortes présomptions
1. que le français « aloès », plante aux vertus « divines », vienne de « Elohim » par l’intermédiaire de l’arabe « Allah »
2. que l’Empereur Claude n’ait pas chassé les Juifs de Rome
3. enfin que « faire des tentes » dérive de « Elohim fait », par jeu de mots entre AHLYM, Ohélim, « tentes », et ALHYM, Elohim.
De fait, Benoit XVI explique dans la suite de son discours : « Le monde gréco-romain ne connaissait aucun Dieu Créateur. (…) Le Dieu de la Bible est bien différent : Lui, l’Un, le Dieu vivant et vrai, est également le Créateur. (…) Dieu Lui-même est le Créateur du monde, et la création n’est pas encore achevée. Dieu travaille ! C’est ainsi que le travail des hommes devait apparaître comme une expression particulière de leur ressemblance avec Dieu qui rend l’homme participant à l’œuvre créatrice de Dieu dans le monde. »
Comme quoi, une Vérité d’Évangile n’est pas une vérité historique, c’est une Vérité d’Évangile. Comme dit le Pape, « la Parole de Dieu, en effet, n’est jamais simplement présente dans la seule littéralité du texte. Pour l’atteindre, il faut un dépassement et un processus de compréhension qui se laisse guider par le mouvement intérieur de l’ensemble des textes »
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