Pierre Longone (1911-2008)

Pierre Longone, décédé le 10 mars 2008, dans sa 97ème année, avait été le fondateur et le premier rédacteur du bulletin de l’INED « Population et Sociétés »

Né en 1911, il était entré au service du Comte de Paris, prétendant au trône de France, dont il rédigeait le bulletin politique. Fort critique à l’égard de l’impuissance de la IVème République, il avait esquissé un projet de Constitution démocratique et monarchiste dans « Raison garder » (préface du Comte de Paris, Les Éditions Internationales, 1951), livre dans lequel il analysait les aspects politiques, démographiques, économiques, sociaux, internationaux de la « crise française » et où il cherchait à combiner le souci monarchiste du long terme avec le respect scrupuleux des règles de la démocratie représentative.

Une fois acquise l’élection du Président de la République au suffrage universel (1962), le Comte de Paris se rallia au Général de Gaulle. Après la réélection de celui-ci (1965), il décida en 1967 de mettre fin à ses activités politiques. Grâce à l’entremise de Michel Debré, ministre de l’Économie et des Finances et maire d’Amboise, son bulletin fut repris par l’INED. A plusieurs reprises, Alfred Sauvy, fondateur de l’INED, avait manifesté l’intention de compléter la revue scientifique « Population » par un support plus accessible au grand public. Son successeur, Jean Bourgeois-Pichat, saisit cette opportunité. « Population & Sociétés » gardait la maquette du bulletin du Comte de Paris. Pierre Longone et sa secrétaire, Sylviane Desobeau, furent engagés par l’INED, qui acheta aussi le fichier de destinataires du bulletin, composé de notables : parlementaires, élus locaux, dirigeants d’entreprises, journalistes et … aristocrates.

Le premier numéro parut en mars 1968. Deux mois plus tard éclatèrent les « événements » et un vent gauchiste souffla sur l’INED comme ailleurs. Un calembour circula, allusion aux orientations natalistes de Pierre Longone : «Copulation à satiété». On l’oublia vite.

Neuf ans durant, Pierre Longone créa le style de « PopSoc », bulletin d’informations de quatre pages, un éditorial et des « notules », largement imité et toujours vivant. La collection complète figure sur le site de l’INED. À sa retraite, en 1977, il récapitula ses analyses dans « 53 Millions de Français. Qui sont-ils ? Que font-ils ? » (Editions du Centurion) et continua à jouer un rôle politique discret, conseiller du Saint-Siège pour les affaires familiales, puis en soutenant la candidature à l’élection présidentielle de 1981 de Michel Debré, qui recueillit 1,66 % des voix. Il s’opposa vigoureusement à l’ »entrisme » du Front National dans les milieux de la droite libérale et s’offusqua des frasques de Monseigneur.

Sportif accompli, adepte des médecines douces, il continuait à s’astreindre à des kilomètres de marche ou de nage quotidienne. Il laisse le souvenir d’un honnête homme, porteur d’une « certaine idée de la France » et de deux fidélités, monarchiste et nataliste. Venu d’autres horizons idéologiques, je m’honore d’avoir été son successeur et continuateur.

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