La conservation de l’ordre alphabétique
Au Commencement est le Verbe
Chaque nouveau-né est un commencement. La maîtrise de la langue est le fondement de toute éducation. Avec la Bible, l’hébreu dispose d’un texte d’ »auto-référence », dans lequel les mots sont définis par leur contexte. Au Sinaï, l’Eternel donne à Moïse la Loi écrite, suite incompréhensible de consonnes, (c’est de l’hébreu !). Mais Il lui donne aussi, dans Son infinie Sagesse, la Loi orale, incluant l’ordre alphabétique et la méthode de lecture et aussi d’écriture (herméneutique), véritables mode d’emploi et programme de développement.
Avant même d’être confronté à la date du jour, l’enfant apprend en général à reconnaître et à écrire en majuscules les mots PAPA, MAMAN, puis son propre prénom, puis ceux de ses frères et sœurs et camarades ; ensuite, il apprend par cœur l’alphabet entier. Chacun sait que le mot « Alpha-bet » vient des deux premières lettres de l’alphabet grec, Alpha et Bêta. Mais chacun devrait savoir que ces deux premières lettres sont aussi celles de l’alphabet hébreu, Aleph, Beit, et qu’ensemble elles forment en hébreu le mot AB, qui signifie « Père ».
La mise au point de l’alphabet, rappelle Georges Ifrah, « capitale dans l’histoire des civilisations, (…) fut faite aux alentours du XVème siècle av. J.-C., près des côtes de la Syrie-Palestine. (…) En raison des multiples relations entretenues par eux avec les peuples les plus divers, les Phéniciens, grands marchands et hardis navigateurs, assurèrent à l’invention un succès et une diffusion considérables. (…) Les 22 lettres phéniciennes donneront naissance, au temps des rois d’Israël et de Juda, à l’écriture paléo-hébraïque, dont dérivera l’alphabet des Samaritains actuels, demeurés fidèles aux anciennes traditions juives. Un peu plus tard, elles engendreront l’écriture araméenne, qui sera à l’origine de l’alphabet hébreu dit « carré », l’écriture hébraïque actuelle. (…) Bref, tous les alphabets actuellement en usage sont presque tous des descendants plus ou moins directs de l’alphabet phénicien. Fait remarquable : l’ordre et les noms des 22 lettres d’origine ont été conservés presque intacts par la majorité des alphabets. on les retrouve aussi bien en hébreu ou en araméen qu’en syriaque, en grec, en étrusque ou en arabe ancien. » (« Histoire Universelle des Chiffres« , Bouquins, Robert Laffont, tome 1, chap. 17, p. 511 à 513).
Les alphabets grec et latin (via l’étrusque) sont restés très proches de l’alphabet hébreu de 22 lettres ordonnées. Les alphabets hébreu et grec commencent tous deux par la séquence ABGD, devenue ABCD dans notre alphabet et les alphabets hébreu, grec et latin contiennent tous trois les séquences KLMN et QRST. Or cet ordre appris par cœur est à la base de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, et donc de leur transmission. Et il est aussi – par la « numérologie », qui attribue à un mot la somme des rangs de ses lettres – le fondement de la vérification des textes par les scribes, véritable « preuve par 9 » de l’exactitude des textes. Tout cela explique à la fois, sur quelque 33 siècles, non seulement la conservation de l’ordre alphabétique lui-même, à quelques variantes près, mais bel et bien celle de la Bible hébraïque elle-même.
Un coup de force
Du coup la continuité extraordinaire des alphabets autorise un coup de force, celui de lire et d’écrire l’hébreu de la Bible avec notre propre alphabet. Il y a bien un « code de la Bible », mais ce n’est pas un code secret, il est parfaitement connu, c’est l’ordre alphabétique. Le « peuple juif » n’est autre que le peuple conservateur de ce texte, lu chaque Chabbat à la synagogue et par chaque garçon de 13 ans à sa Bar-Mitsva. 33 siècles après Moïse, cela marche encore.
Nous avons déjà 12 lettres sur 22 translittérées « naturellement ». Si, de plus, on adopte la translittération usuelle du Tétragramme, YHWH, cela fait 15 lettres sur 22 translittérées. En hébreu Adam s’écrit ADM – Abraham ABRHM – Moïse (Moché) MSH – et David (Daoud) DWD. Restent sept lettres, dont j’ai proposé, justifié et utilisé une translittération sur le site Judéopédia, ainsi que dans les catégories « Concordances » et « La Révélation » de ce blog. Munie d’un tel code, l’Éducation Nationale peut renouveler entièrement la compréhension des deux Testaments. À une condition cependant, l’humour, l’humour juif peut-on dire. Abordant les mystères de la procréation et de la sexualité, la présentation de la Bible doit non seulement être adaptée à l’âge de ses auditeurs, mais surtout éviter les pièges du grivois et de l’obscène, ce que seul l’humour permet.
Quand le nom d’Isaac apparaît, en Genèse 17, verset 19, il est cité sans commentaire « Tu appelleras son nom Its’haq » YZEQ, « On rira ». En effet, la constatation qu’une femme est enceinte est une joyeuse nouvelle universelle, en général confirmée, en cas d’heureuse naissance, par la formule « Abraham et Sarah ont la joie d’annoncer la naissance d’Isaac ». Mais le rire peut prendre toutes sortes de significations. L’incrédulité de Sarah, qui est censée avoir 99 ans et être ménopausée, est la plus souvent citée. Il y a aussi le rire de la moquerie, celui d’Ismaël, au verset 21 :9 : Sarah voit Ismaël rire, Metsaheq, MZEQ, avec trois lettres sur quatre communes avec Its’haq. C’est que les moqueurs ont bien des raisons de mettre en doute les filiations officielles. Si une femme annonce à son mari qu’elle est enceinte, tout le monde se réjouit ; mais si une fille annonce à son père qu’elle est enceinte, une question surgit : « De qui ? »
La Bible hébraïque présentée, traduite (5 langues, 8 versions) et commentée sur JUDÉOPÉDIA Articles sélectionnés du Blog MLL – Sommaire du Site MLL – Page d’Utilisateur de Wikipédia
MLL en vidéo UTLS, 26 février 2000, « Migrations et tensions migratoires ».
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