Les liens de parenté d’Aaron Lustiger

Une affaire ashkénaze

Signant « Joseph Ratzinger-Benoît XVI », le pape dialogue, dans « Jésus de Nazareth », avec le Rabbin américain Jacob Neusner, comme Mgr Lustiger et Jean-Paul II ont dialogué inlassablement sur le peuple juif et la Shoah.


Dans A Rabbi Talks with Jesus, Jacob Neusner imagine être l’un des auditeurs présents lorsque Jésus parlait aux foules ; il explique pourquoi il n’aurait pas pu devenir son disciple. L’une de ses raisons est la position de Jésus vis-à-vis des liens familiaux. A plusieurs reprises, affirme Neusner, Jésus semble inviter à enfreindre le Quatrième commandement : Honore ton père et ta mère. Il demande en effet de renoncer à aller enterrer son propre père.

Evangile selon Luc 9, 51-62 : « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. (…) En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. » Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »« 

Jésus paraît préférer sa famille d’adoption, ses disciples, à sa famille biologique, sa mère et ses frères. Il semble ainsi, sinon abolir, du moins minimiser la famille naturelle, et exalter une nouvelle famille dans laquelle le père est Dieu et les hommes et les femmes sont tous frères et sœurs, grâce à la foi commune en lui, le Christ. Pour le rabbin Neusner, cette famille spirituelle existe déjà : c’est le peuple d’Israël, uni par l’observance de la Torah.

Toute sa vie, Mgr Lustiger fit valoir que sa conversion au catholicisme ne contredisait pas son appartenance au peuple juif, que le choix du prénom Jean-Marie ne supprimait pas celui que ses parents lui avaient donné, Aaron. Le nom de chacun est chose relative et dépend de qui appelle qui. Ne dit-on pas de celui qui accède à telle fonction, publique ou privée, qu’il vient d’être « nommé » ceci ou cela ? Autrement dit, il change de nom, comme le font les papes accédant au trône : Jean-Paul II et Benoit XVI ont choisi – décision personnelle – d’être appelés ainsi en tant que papes, mais n’ont pas renoncé au nom reçu de leurs parents, Karol Wojtyla et Joseph Ratzinger.

Pour le commun des mortels, le changement de nom accompagne un changement de statut social ou familial, et ceci ne concerne pas seulement les femmes qui prennent le nom de leur mari le jour de leur mariage. Chaque Père fut d’abord appelé Fils. Comment vous appellent vos parents ? Votre conjoint ? Vos frères et sœurs ? Vos enfants ? Vos voisins ? Jésus était-il juif ? ou chrétien ? Et les victimes de la Shoah ? Ashkénazes ou Sepharades ?

Abraham reçoit son nom en recevant la Promesse de sa prochaine paternité et Sarah de même le sien à l’Annonciation de sa prochaine maternité.

Tout nom est transcendant à celui qui le porte, il y a quelqu’un qui le donne et une collectivité qui lui donne sens.

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