Enquête sur Hérode (1)

Le tombeau de Pharaon

Tandis que James Cameron provoquait un tapage médiatique artificiel autour du prétendu « Tombeau de Jésus« , la découverte archéologique du tombeau d’Hérode attirait moins l’attention, bien que la presse en ait fort consciencieusement rendu compte. Voir par exemple Le Monde, édition du 10 mai 2007.

Après trente-cinq années de fouilles, le tombeau du roi Hérode aurait été retrouvé en Cisjordanie

Des archéologues ont mis au jour les restes d’un sarcophage de 2,5 m de long. Selon eux, il s’agit de la dernière demeure du roi de Judée, responsable du massacre des Innocents

Cisjordanie ! Massacre des Innocents ! Suivez mon regard…
Lisons donc l’article, par Michel Bôle-Richard.

<< Après trente-cinq années de fouilles, le mystère semble avoir été percé. Ehoud Netzer, archéologue de l’université hébraïque de Jérusalem, est convaincu d’avoir localisé la tombe du roi Hérode. (…) Il est probable qu’il s’agit bien de la sépulture de ce monarque nommé par les Romains, qui a régné sur le royaume de Judée entre 37 et 4 ans avant Jésus-Christ. Le sarcophage a été trouvé sur le site d’Hérodion, une colline se trouvant à une vingtaine de kilomètres au sud de Jérusalem – en Cisjordanie – où Hérode avait fait édifier un palais. « C’est le seul site qui porte son nom, et c’est l’endroit qu’il avait choisi pour être enterré », a expliqué le professeur Netzer.

L’historien Flavius Josèphe racontait au Ier siècle, dans La guerre des juifs, qu’Hérode « fit bâtir du côté de l’Arabie un château extrêmement fort qu’il nomma Hérodion, et donna le même nom à une colline distante de soixante stades de Jérusalem, qui n’était pas naturelle, mais qu’il fit élever en forme de mamelle, avec de la terre portée », poursuivant : « Il bâtit au-dessous des palais (…). Il y fit venir de fort loin avec une extrême dépense grande quantité de belles eaux, et l’on y montait par deux cents degrés de marbre blanc. » »

Les premières recherches avaient été entreprises dans la partie inférieure d’Hérodion. Elles ont permis de mettre au jour les restes de structures byzantines, mais pas la tombe royale à laquelle les chercheurs espéraient aboutir. Les fouilles ont été interrompues par la première puis par la deuxième Intifada. Finalement, après des années de vaines recherches, elles se sont déplacées sur la colline même, ce cône en forme de volcan qui subsiste toujours.

Encore une fois, les seuls écrits que l’on possède sur cette époque sont ceux de Flavius Josèphe, qui a décrit le site et les funérailles du roi, mais n’évoque jamais la tombe : « Le corps, vêtu à la royale, avec un diadème sur le front, une couronne d’or sur la tête et un sceptre dans la main droite, était porté dans une litière d’or enrichie de pierreries. Les fils du mort et ses proches parents suivaient la litière, et les gens de guerre, armés comme un jour de combat, marchaient après eux distingués par nations. Les compagnies de ses gardes thraces, germains et gaulois allaient les premières, et tout le reste des troupes commandées par leurs chefs les suivait en très bon ordre. Cinq cents officiers, domestiques ou affranchis portaient des parfums et fermaient cette pompe funèbre et si magnifique. Ils allèrent dans cet ordre depuis Jéricho jusqu’au château d’Hérodion, où l’on enterra ce prince ainsi qu’il l’avait ordonné. »

Ainsi fut enseveli celui que les Juifs avaient désigné comme « une marionnette des Romains », mais qui fut aussi un grand bâtisseur. Il a considérablement agrandi le second temple de Jérusalem, fait construire le port de Césarée et les palais de Massada et de Jéricho.

Le lieu de sa sépulture fut saccagé lors de la première révolte des Juifs contre les Romains, entre 66 et 72 après Jésus-Christ. Son sarcophage fut alors réduit en miettes. Ce sont ces débris qui ont été retrouvés.

Hérode fut aussi, d’après lEvangile selon Matthieu, le souverain qui ordonna le massacre des Innocents, c’est-à-dire l’assassinat de tous les enfants mâles vivant à Bethléem, de crainte d’être détrôné par un nouveau «Roi des Juifs ». Selon les textes, Joseph et Marie fuirent en Egypte pour échapper au massacre.

Hérodion fut conquis par les Romains en 71 après Jésus-Christ, un an après la destruction du Temple de Jérusalem. >>

Nous sommes en présence de trois témoignages : celui des archéologues, celui de Flavius Josèphe, celui de l‘Evangile selon Matthieu. Le journaliste laisse aux archéologues la responsabilité de leur interprétation, cite exactement Flavius Josèphe, mais fait du massacre des Innocents une vérité… d’Evangile, sans la moindre réserve sur son historicité. Or cette historicité est fort douteuse ce qu’une simple recherche fait comprendre :

«  Dans le premier Testament, l’histoire de Joseph, le fils de Jacob, précède immédiatement les pages concernant Moïse. Le père de Jésus s’appelle aussi Joseph, et les deux Joseph se ressemblent en ce que Dieu communique avec eux par des songes. De même que celle de Moïse, la naissance de Jésus s’accompagne d’un massacre d’enfants. Il va également en Égypte et en revient. Les mages s’inclinent devant lui comme les magiciens d’Égypte devant Moïse. Hérode, dans l’Evangile de Matthieu, est calqué sur le Pharaon du début de l’Exode, qui massacre les enfants mâles.  » (André Gounelle, Parler du Christ).

Il n’était pas nécessaire d’être très érudit pour comprendre le parallélisme entre Hérode et Pharaon ; l’article lui-même en fournissait deux éléments, qui devaient être évidents pour les contemporains :
– Hérode le Grand s’était illustré par des travaux … pharaoniques, qui ne pouvaient être financés que par des impôts insupportables, tant pour les particuliers que pour les autorités du Temple de Jérusalem.
– Il s’était fait construire un tombeau en forme de pyramide !

Une question cependant ; le Pharaon de l’Exode fait tuer les enfants mâles au berceau. Pourquoi Hérode s’en prend-il aux enfants des deux sexes, « de moins de deux ans » ? Ceci ne renvoie pas au recensement des Enfants d’Israël par Moïse, rapporté par le Livre des Nombres ; celui-ci porte sur les hommes « de vingt ans et plus », sauf pour la tribu de Lévi, dont les membres sont recensés « depuis l’âge d’un mois et au-dessus ». Non. Cet âge de deux ans renvoie au … songe de Pharaon, au début de Genèse 41 :

« Au bout de deux ans, Pharaon eut un songe. Voici, il se tenait près du fleuve. Et voici, sept vaches belles à voir et grasses de chair montèrent hors du fleuve, et se mirent à paître dans la prairie….« 

Il faut donc hurler pour ceux qui en doutent, et l’Eglise la première, compte tenu des dégâts faits par l’accusation séculaire d’assassinats d’enfants : le Massacre des Innocents n’est pas un événement historique.

(A suivre)

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Commentaires

Une réponse à “Enquête sur Hérode (1)”

  1. Avatar de Michel Louis Levy

    Autre parallèle entre Hérode et Pharaon : En Genèse 40, 20 (la mort du maître panetier) Pharaon célèbre son anniversaire. En Marc 6, 21 et Matthieu 14,6 (la mort de Jean-Baptiste), Hérode célèbre son anniversaire.

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